« Il n’y a pas de chemin vers une économie saine sans une population en santé et un investissement en science »

Au très honorable Mark Carney, premier ministre du Canada, et au nouveau gouvernement libéral : une économie saine repose sur une population en santé

Nous souhaitons vous féliciter pour la formation du nouveau gouvernement libéral, élu sur la base de la défense de notre souveraineté et de la protection des Canadiens contre les menaces économiques venant des États-Unis. Nous vivons une époque sans précédent, où les démocraties du monde entier et les fondements mêmes de la science sont confrontés à des défis majeurs. Nous sommes conscients que de nombreuses questions importantes figurent actuellement à l’ordre du jour de votre gouvernement, mais ce que nous vous demandons aujourd’hui est essentiel pour toutes les personnes au Canada et s’inscrit pleinement dans vos objectifs de construction nationale.

1. Augmenter le financement de la recherche scientifique et médicale au Canada

De 2020 à 2021, les National Institutes of Health (NIH) ont consacré environ 55,7 milliards de dollars canadiens à la recherche. Grâce à ces investissements, les universités américaines ont pu attirer de nombreux chercheurs parmi les meilleurs au monde, et les découvertes réalisées par des scientifiques établis aux États-Unis ont valu au pays une influence et un prestige immense sur la scène internationale. À titre de comparaison, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) n’ont accordé que 1,44  milliard de dollars au soutien de la recherche. Les compressions drastiques touchant les NIH et plusieurs des plus grandes universités américaines représentent une occasion unique pour le Canada. En effet, une augmentation du financement de la recherche au Canada profiterait non seulement immédiatement à la recherche scientifique canadienne, mais permettrait également d’attirer des chercheurs de haut niveau provenant de partout dans le monde. Ce serait une occasion exceptionnelle pour le gouvernement libéral actuel de positionner le Canada comme un leader mondial en matière de recherche scientifique et médicale.

Pour s’imposer rapidement comme un acteur clé dans le domaine de la recherche à l’échelle mondiale, le Canada pourrait financer la recherche sur la COVID longue, une condition émergente qui nécessite une attention urgente. Selon un rapport publié en août 2024, « l’incidence mondiale de la COVID longue s’élève à environ 400 millions de personnes, et l’impact économique annuel de la maladie est estimé à 1 000 milliards de dollars, soit environ 1 % de l’économie mondiale. » En 2023, on estimait à 3,5 millions le nombre de personnes qui souffrent de la COVID longue au Canada. Ce nombre est probablement beaucoup plus élevé aujourd’hui, d’autant plus qu’il n’inclue pas les enfants ni les adolescents atteints. Malgré les répercussions socioéconomiques considérables de la COVID longue, les données demeurent limitées. Il n’existe à ce jour aucun test permettant de diagnostiquer la COVID longue, aucun traitement établi, ni même de code de facturation médicale unique permettant de suivre les cas. Une étude publiée par l’Agence de la santé publique du Canada en 2023 a estimé que les coûts des soins de santé liés à la COVID longue se situent entre 7,8 et 50,6 milliards de dollars par année. Malheureusement, la COVID longue demeure encore trop peu étudiée et financée au pays, et ce, malgré un nombre important de données probantes démontrant qu’il s’agit d’une crise de santé publique exigeant une attention immédiate.

Par ailleurs, l’augmentation du financement de la recherche permettrait de mieux préparer le Canada pour l’avenir, non seulement en créant une toute nouvelle industrie et des emplois, mais aussi en renforçant la capacité de notre pays à faire face à la prochaine pandémie, que les scientifiques considèrent comme inévitable.

2. Mettre à niveau les systèmes de ventilation des bâtiments publics, y compris des hôpitaux, des établissements de soins de longue durée et des écoles, afin qu’ils respectent la norme de ventilation ASHRAE 241 et sa directive 44

Au moment d’écrire ces lignes, des feux incontrôlés font rage dans le nord de la Saskatchewan et du Manitoba, forçant l’évacuation de 5 000 personnes de la ville de Flin  Flon, au Manitoba, vers Winnipeg. Ces incendies ont provoqué des problèmes de qualité de l’air jusqu’à Toronto. Or, la fumée de feu de forêt contient des toxines qui aggravent les conditions respiratoires et renferme des substances cancérigènes. En raison du réchauffement climatique, des incendies d’une intensité et d’une fréquence accrues continueront de survenir année après année.

Parallèlement, le Canada fait également face à une autre menace : celle des virus contagieux transmis par aérosols, comme en témoignent les éclosions de rougeole en Ontario, en Alberta et au Québec, d’une ampleur jamais vue depuis plus de 25 ans.

En date du 2 juin 2025, Santé Canada rapportait 2 429 cas confirmés de rougeole et 329 cas probables, incluant un décès. Avec la montée de l’hésitation vaccinale et la baisse des taux de vaccination contre certaines maladies infantiles comme la rougeole et la rubéole à travers le Canada, le nombre de cas risque fort d’augmenter.

En outre, la COVID-19 n’a pas disparu. En date du 31 mai 2025, Santé Canada rapportait 580 nouveaux cas et 17 éclosions de COVID-19 à travers le pays. Le virus est désormais considéré comme endémique, ce qui signifie que, bien que le nombre de cas soit réduit, des infections continueront de survenir régulièrement.

De nombreux bâtiments au Canada sont actuellement dotés de systèmes de ventilation vieillissants qui ne respectent pas la norme ASHRAE 241. Cette norme établit des exigences minimales de ventilation visant spécifiquement à réduire les risques de transmission des maladies infectieuses par aérosols. Il existe de nombreuses données scientifiques démontrant que les purificateurs d’air portatifs sont à la fois économiques et très efficaces pour prévenir la transmission des maladies. De plus, la directive 44 de l’ASHRAE établit des exigences précises pour protéger les occupants des bâtiments contre la fumée lors de feux incontrôlés ou de brûlages dirigés.

Le 1er avril 2025, le National Institute for Occupational Safety and Health des États-Unis (NIOSH), dont les politiques définissent les normes de sécurité des travailleurs depuis 1970, a été décimé par la suppression de postes imposée par le ministre de la Santé des États-Unis.

Cela rend d’autant plus cruciale l’adoption, par le Canada, d’une politique nationale visant à rehausser les normes de ventilation de l’air selon celle de l’ASHRAE 241 et de sa directive 44, afin de protéger la population canadienne des effets toxiques de la fumée des feux incontrôlés et des virus respiratoires dangereux comme la rougeole et la COVID-19.

3. L’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19, notamment des vaccins Nuvaxovid de Novavax, devrait relever de la compétence fédérale

En janvier 2025, le gouvernement Trudeau a annoncé que l’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 ne relèverait désormais plus de la compétence fédérale, mais plutôt de la compétence provinciale et territoriale. Cette politique soulève plusieurs problèmes.

Nous vous exhortons à garder en mémoire que les vaccins contre la COVID-19 n’ont été disponibles pour les Canadiens que plus de six mois après leur mise à disposition pour tous les citoyens américains. Le Canada doit passer à l’action et produire ses propres vaccins sur son territoire afin de protéger sa population. En 2020, le Canada a investi 126 millions de dollars dans la construction du Centre de production de produits biologiques (CPPB) à Montréal, mais cette installation n’a encore jamais produit de doses destinées au grand public. Sous la nouvelle administration américaine, de nombreux changements sont proposés dans la politique vaccinale des États-Unis, lesquels, selon des scientifiques, s’éloignent des faits scientifiques établis et des normes actuelles en matière de vaccination.

Les provinces, prises individuellement, n’ont pas la capacité de commander des vaccins contre la COVID-19 comme le Nuvaxovid de Novavax, car elles ne peuvent pas satisfaire aux exigences minimales de commande. À l’automne dernier, Santé Canada a décidé que le vaccin Nuvaxovid de Novavax ne serait pas offert comme option de vaccination contre la COVID-19 pour la saison automne/hiver 2024-2025, malgré sa disponibilité lors des années précédentes. La raison invoquée était un manque de demande. Cependant, de nombreuses personnes au Canada rapportent que cela était plutôt dû à un manque de disponibilité du vaccin. Une étude du monde réel réalisée en novembre 2024 a révélé que le vaccin de Novavax présentait une efficacité favorable et comparable à celle du vaccin à ARNm Pfizer contre les formes graves d’infection au SRAS-CoV-2, et des données probantes ont démontré une meilleure durabilité. De plus, il a été observé que le vaccin Nuvaxovid de Novavax entraîne beaucoup moins d’effets secondaires et présente un risque moindre de myocardite et de péricardite comparativement aux vaccins à ARNm. En date de janvier 2024, 58 712 Canadiens ont signalé au moins un effet indésirable lié aux vaccins à ARNm. Novavax constitue une alternative intéressante pour ces personnes, notamment les personnes immunodéprimées qui, à la suite de réactions indésirables, ne peuvent plus recevoir les vaccins à ARNm et se retrouvent malheureusement laissées pour compte, car aucun vaccin Nuvaxovid de Novavax n’est disponible pour eux.

Produire et distribuer le vaccin Nuvaxovid de Novavax et d’autres vaccins ici, au Canada, insufflerait la dynamique nécessaire pour soutenir l’économie canadienne tout en permettant aux citoyens de faire des choix de santé adaptés à leurs besoins.

4. Mettre en place des directives fédérales plus strictes concernant le port du masque dans les milieux de soins comme les hôpitaux, les établissements de soins de longue durée, les laboratoires et les cliniques de radiologie

Le monde a souligné cette année le cinquième anniversaire de la pandémie de COVID-19. Depuis, les données probantes sont claires : la COVID-19 se transmet principalement par l’air.

La grippe et le VRS sont également des virus respiratoires dangereux, qui ont entraîné respectivement 671 et 84 décès au Canada depuis le 25 août 2024. Pourtant, dans plusieurs provinces et territoires, notamment en Colombie-Britannique, les précautions contre la transmission par gouttelettes, comme le lavage des mains, la fermeture des rideaux ou la désinfection des surfaces, restent la principale stratégie de prévention contre la COVID-19 et d’autres virus transmissibles par aérosols. Or, de nombreuses études ont démontré leur inefficacité comparativement aux mesures de protection contre les virus transmissibles par aérosols, notamment le port du masque.

Des études ont montré que le port du masque médical dans les hôpitaux peut réduire les infections respiratoires jusqu’à 33 %. Le port d’appareils de protection respiratoire, comme les masques N95, peut réduire ces infections jusqu’à 100 %. Des études ont également démontré que les obligations de port du masque doublent le taux d’adhésion au port du masque. Cependant, dans des provinces comme la Colombie-Britannique, le port obligatoire du masque N95 est limité aux « interventions médicales générant des aérosols » (IMGA), même si les patients qui toussent ou parlent peuvent aussi disperser dans l’air des virus transmissibles par aérosols comme la COVID-19.

Nous faisons face à une pénurie de travailleurs de la santé partout au pays et sommes actuellement confrontés à un nouveau variant virulent de la COVID-19, qui a déjà submergé les hôpitaux et réduit le personnel de la santé apte à travailler en Asie. Le port du masque est essentiel pour éviter que nos travailleurs de la santé ne tombent malades, et qu’ils puissent ainsi continuer à exercer leur métier. Cela est vital pour l’économie canadienne.

Les masques ne devraient pas être utilisés uniquement pour réduire la pression sur l’équipe des urgences en automne et en hiver, mais plutôt toute l’année, car plusieurs des virus les plus contagieux, comme la COVID-19 et la rougeole, ne sont pas saisonniers.

Par ailleurs, le port du masque protège également les patients dans les hôpitaux et autres milieux de soins, où se trouvent des personnes parmi les plus vulnérables de notre société.

Le 12 avril 2023, la Commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique, Kasari Govender, a déclaré ce qui suit :

« Alors que les restrictions liées au port du masque ont été levées en Colombie-Britannique, j’ai exprimé à plusieurs reprises mes préoccupations quant aux conséquences de ces décisions politiques sur les droits de la personne : la levée des obligations de port du masque a un impact disproportionné sur les personnes marginalisées, les aînés et les personnes cliniquement très vulnérables. Cela constitue une atteinte à leurs droits à une participation équitable à la vie en communauté. »

Le port du masque dans les établissements de santé garantit un accès équitable à ces lieux pour les personnes marginalisées, et crée un climat de solidarité dans lequel les plus vulnérables peuvent être protégés.

Le Canada a besoin de directives fédérales recommandant l’utilisation de précautions contre la transmission par aérosols dans les milieux de soins, notamment le port du masque (en particulier de masques N95), afin de protéger nos travailleurs de la santé et les patients vulnérables contre les virus dangereux transmissibles par aérosols.

Nous vous exhortons à mettre en œuvre les quatre mesures que nous demandons. Ce faisant, le nouveau gouvernement libéral ne ferait pas que respecter l’engagement fondamental du Canada envers la science, la santé, la sécurité et l’équité pour tous : il contribuerait à bâtir une nation forte, en meilleure santé, et deviendrait un leader mondial en matière de science et de recherche. Mais surtout, il reconnaîtrait qu’une économie saine repose sur une population en santé.

Nous vous remercions sincèrement d’avoir pris le temps de lire notre lettre.

Cordialement,

Protect Our Province BC

Société canadienne de la covid/Canadian Covid Society

Société Canadienne de la Covid logo

Protect Our Province BC est un organisme communautaire à but non lucratif regroupant des médecins, des infirmières, des scientifiques du domaine de la santé et des militants et militantes d’action communautaire. Nous œuvrons à protéger la population de la Colombie-Britannique en diffusant des informations scientifiques rigoureuses sur la COVID-19. Nous défendons également les droits des millions de personnes en Colombie-Britannique et à travers le Canada qui vivent maintenant avec la COVID longue.

La Société canadienne de la covid est une organisation nationale dont la mission est d’informer la population sur les conséquences des infections à la covid pour la santé, de plaider pour la mise en place de moyens basés sur la science pour réduire la transmission du virus et de défendre et soutenir les personnes atteintes de covid longue.